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L'histoire des collections

Le département des Antiquités orientales (DAO) conserve des collections provenant du Moyen-Orient et de Méditerranée, en particulier d’Afrique du Nord, et qui couvrent quelque 8 000 ans d’histoire sur un immense territoire allant pour certaines périodes de l’Asie centrale à l’Espagne et de la mer Noire à l’océan Indien. Ce sont plus de 150 000 œuvres et objets archéologiques pour la plupart donnés par les pays d’origine dans le cadre d’accords de partage de fouilles.

Les fouilles de Khorsabad à l’origine du Musée assyrien

Dès le XIXe siècle, la France s’est engagée, par l’intermédiaire de ses consuls en poste à Mossoul, dans la recherche archéologique à la redécouverte du passé antique du nord de l’Irak. Le pionnier de cette aventure fut Paul-Émile Botta, dont les fouilles à Khorsabad en 1843-45 ressuscitèrent la civilisation assyrienne. Ainsi le tout premier « Musée assyrien » moderne fut-il inauguré le 1er mai 1847 au sein du palais du Louvre. Ce noyau fut enrichi des découvertes de Victor Place qui succéda à Botta et fouilla Khorsabad entre 1852 et 1854. Suivirent bientôt des antiquités retrouvées en Phénicie, en Terre Sainte, à Chypre, en Arabie ou en Anatolie, ainsi que sur le plateau iranien et toujours en Mésopotamie, mais aussi en Syrie et dans bien d’autres territoires, au travers de missions archéologiques qui furent autant de jalons vers la redécouverte du passé plurimillénaire de l’Orient.

Un département des Antiquités orientales et la collection mésopotamienne

Grâce aux fouilles d’Ernest de Sarzec à partir de 1877, sur le site de Tello en Mésopotamie du sud, la civilisation sumérienne est révélée aux savants. Ces recherches archéologiques furent conduites, dès 1879, avec le soutien actif du conservateur-adjoint des Antiques au Louvre, Léon Heuzey, et l’arrivée en France le 31 mai 1881 des premières antiquités de Tello détermina la création officielle, par décret du 20 août 1881, du « département des Antiquités orientales ». Son premier conservateur fut Heuzey lui-même, qui s’occupa notamment d’y présenter un ensemble unique de statues du prince Goudea, couvertes d’inscriptions bientôt déchiffrées par des savants français – dont François Thureau-Dangin, conservateur au département. Elles révélèrent l’histoire oubliée des Sumériens, probables inventeurs de l’écriture.
 
Plus à l’est, en Iran, les pionniers de la Délégation archéologique française en Iran et de la longue exploration archéologique du site de Suse retrouvèrent plusieurs chefs-d’œuvre emblématiques de l’histoire mésopotamienne emportés en butin sur le plateau iranien par le roi Shutruk-Nahhunte après un raid sur la Mésopotamie au XIIe siècle avant notre ère. Le Code de Hammourabi est l’exemple le plus célèbre de ces vestiges de la grande sculpture mésopotamienne.

Les collections mésopotamiennes ont continué de s’enrichir au travers de la poursuite des fouilles de Tello et d’autres explorations archéologiques à Larsa ou Kish dans le sud de l’Irak actuel, mais aussi un peu plus tard sur des sites plus au nord. En Syrie, François Thureau-Dangin découvrit des sites révélant notamment des aspects importants de l’empire assyrien, avant qu’André Parrot ne découvre bientôt le royaume et la ville de Mari, objet de décennies de recherches archéologiques jusqu’à très récemment.

L’entrée au Louvre des collections perses et de l’Iran antique

Les collections de l’Iran antique au Louvre ont pour noyau des œuvres emblématiques de l’époque des Grands rois de l’empire perse achéménide. Issues du palais de Darius Ier à Suse, elles furent redécouvertes par les archéologues Marcel et Jane Dieulafoy en 1885-1886 et présentées au Louvre dès 1888.
Très favorisée par les autorités perses de l’époque, une Délégation archéologique française en Perse fut bientôt créée, notamment pour explorer Suse. Des décennies de recherche sur ce site ont permis de révéler une longue histoire d’au moins 6 000 ans qui a servi de fil conducteur pour la redécouverte de l’histoire du pays. Bientôt des monuments rejoignirent le Louvre et leur étude permit de redécouvrir l’existence du pays d’Elam et d’éclairer la préhistoire de l’Iran et les débuts de la métallurgie. Outre l’exploration durable de Suse par Jacques de Morgan et ses successeurs, d’autres sites furent fouillés en Iran en lien avec le Louvre. Ayant pris la suite de Morgan à Suse, Roland de Mecquenem explora plusieurs sites des environs dans la plaine de Susiane et initia des travaux à Tchoga Zanbil. Roman Ghirshman fouilla plus tard les sites de Tépé Giyan, de Tépé Sialk et de Bishapour, révélant divers pans de la longue histoire du plateau iranien. La remarquable collection dédiée à l’Iran antique s’est ainsi développée par le biais des fouilles françaises menées en collaboration avec le Louvre et qui ont fait l’objet d’un partage de fouilles jusqu’en 1973.

La présence des archéologues français au Levant et en Méditerranée

Si des œuvres étaient entrées dans les collections royales puis nationales bien avant, tel le célèbre cippe de Malte à l’origine du déchiffrement du phénicien, la formation des collections du Levant – de Syrie, du Liban (Phénicie), de Palestine, de Chypre et d’Anatolie – s’est pleinement développée au XIXe siècle. En 1860, l’expédition militaire au Levant envoyée par Napoléon III fut doublée d’une mission archéologique dirigée par Ernest Renan. Le noyau de la collection phénicienne du Louvre, qui comporte des pièces de Byblos, Tyr, Sidon, etc., provient de cette Mission de Phénicie. Le sarcophage du roi Eshmounazor de Sidon, offert au Louvre quelques années avant par le duc de Luynes fit considérablement progresser la connaissance de la langue phénicienne. En Palestine, ce fut notamment Félicien de Saulcy qui explora le « Tombeau des rois », à Jérusalem, dans les années 1860, tandis qu’en 1873 Charles Clermont-Ganneau estampait puis rapportait au Louvre les fragments de la stèle de Mesha, relatant la victoire de ce roi de Moab sur le royaume d’Israël. En mission à Chypre en 1862 et 1864, le marquis Melchior de Vogüé en rapportait les premières collections d’antiquités chypriotes parmi lesquelles le monumental vase en pierre d’Amathonte. Grâce aux missions effectuées en Turquie par Ernest Chantre de 1892 à 1894 et par Paul Gaudin de 1898 à 1901, une série d’antiquités anatoliennes put être présentée au Louvre.

Sous le mandat français, la direction des Antiquités de Syrie et du Liban contribua à accroître la connaissance du patrimoine archéologique de ces pays. Le partage des découvertes se fit jusqu’en 1939, avec notamment les trouvailles provenant du site de Ras Shamra, l’antique Ougarit, sur la côte syrienne, exploré à partir de 1929 par Claude Schaeffer, ainsi que de Mari sur l’Euphrate, fouillé par André Parrot. En Israël, les fouilles de Tell el-Far’ah par le Père Roland de Vaux de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem livrèrent des objets dont une partie est aujourd’hui au Louvre.

Acquisition, dépôts et donations

Dans ce département directement lié aux recherches archéologiques de terrain, les collections s’accrurent également par des donations ou des achats d’œuvres.

Les fonds puniques et sudarabiques bénéficièrent quant à eux de dépôts des collections de la Bibliothèque nationale de France, dépositaire des trouvailles d’Evariste Pricot de Sainte-Marie à Carthage. Plus largement, de généreux dépôts par plusieurs pays et institutions partenaires complètent la présentation des Antiquités orientales au Louvre.